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Des humains, des forĂȘts, des plantes, QuĂ©bec, Maroc, rĂ©demption Ă©cologique, un naturaliste sur les cimes... : compte-rendu de la 4e Ă©dition d'Ecrire la Nature (5-8 juin, Pau-Laruns)
Du 5 au 8 juin 2025 sâest tenue la quatriĂšme Ă©dition du festival âĂcrire la Natureâ, sur les sites de La Ciutat, Ă Pau, puis Laruns et BĂ©ost, aprĂšs un passage par la cave de Jurançon Ă Gan. Conçu en 2020 (rĂ©daction du projet), créé en 2021 (pour lâassociation), et lancĂ© en 2022 (1ere Ă©dition) par CĂ©dric Baylocq Sassoubre avec lâappui de la mairie de Laruns, Olivier Lafaye, Françoise Besson et une petite équipe de bénévoles qui s'est dĂ©veloppĂ©e d'une annĂ©e sur l'autre, le festival annuel est portĂ© par lâassociation Ă©ponyme « Ăcrire la Nature. Festival PyrĂ©nĂ©en de littĂ©rature ». Sa figure tutĂ©laire est le grand naturaliste américain John MUIR, inspirateur des « parcs nationaux » et pionnier du nature writing, champ littĂ©raire centrĂ©, comme son nom lâindique sur la nature sous toutes ses formes, et sa dĂ©fense par le biais de rĂ©cits, fictions ou essais. Chaque annĂ©e, un thĂšme gĂ©nĂ©ral (non exclusif) permet la mise en place d'activitĂ©s et de confĂ©rences : aprĂšs sâĂȘtre centrĂ©e sur lâeau (« De nos gaves aux ocĂ©ans ») en 2024, lâassociation a choisi cette annĂ©e le thĂšme âDes humains et des plantesâ.
*đž CrĂ©dits photos de l'article ©ïžĂcrire la nature, juin 2025.**

đž L'affiche 2025 Ă©laborĂ©e par nos graphistes depuis la premiĂšre Ă©dition; Jean-Marc Saint-Paul et Julien Bidoret de l'agence Accent Grave au sein du collectif La maison des Ă©ditions, elle-mĂȘme sise dans la pĂ©piniĂšre Le Bel Ordinaire Ă BillĂšre (64410)
Elle a Ă©tĂ© de loin la plus dĂ©licate Ă organiser, en ces temps de rĂ©duction drastique des subventions dans le champ de la culture (voir l'appel d'avril 2025 du réseau des événements littéraires RELIEF). NĂ©anmoins, aprĂšs avoir reçu des auteurs nord-amĂ©ricains, anglais et suĂ©dois, trois auteurs venus du Maroc Ă©taient au programme, ainsi que deux Français ayant traversĂ© une partie du Royaume Ă pied, pour une quinzaine d'auteurs de nouveau prĂ©sents. Lâan prochain, des auteurs espagnols seront Ă lâhonneur. L'Ă©quipe d'Ecrire la Nature souhaite toutefois alerter en incipit qu'en deça de 30.000 euros de subventions (publiques et privĂ©es, lĂ oĂč certains festivals voisins ou d'autres villes mieux servis disposent du double ou du triple), il ne sera pas possible de pĂ©renniser cet Ă©vĂšnement. Ce niveau de subventions ne permettant pas non plus de crĂ©er, pour le moment, un emploi aidĂ© local, qui contribue directement et Ă l'annĂ©e Ă la diffusion d'une politique culturelle et d'une conscience environnementale Ă l'Ă©chelle intercommunale (travail auprĂšs de la jeunesse) et dĂ©partementale.
Rappelons en outre qu'en amont du festival, deux ateliers ont Ă©tĂ© mis en place pour susciter lâintĂ©rĂȘt du public et dĂ©couvrir la nature de maniĂšre ludique :
- “Dessiner la nature”, animĂ© par lâillustratrice Alice FAUCONNIER entre fĂ©vrier et mai 2025 Ă la mĂ©diathĂšque de Laruns, pour un public de 8 ans et bien plus.
- âDĂ©crire la natureâ, concours poĂ©tico-littĂ©raire dont les lauréats étaient Eloïse LOUSTAU (prix enfant) et Marie GUICHETEAU (prix adulte), professeure au lycĂ©e Saint Joseph dâOloron, bĂ©nĂ©vole et co-autrice de ce compte rendu.
JEUDI 5 JUIN: Sur les chemins du savoir, de l'UPPA Ă La Ciutat (Pau)
Câest Ă lâamphithéùtre de la PrĂ©sidence de lâUPPA quâont eu lieu les premiĂšres confĂ©rences inaugurant lâĂ©vĂ©nement. Deux spĂ©cialistes de la gĂ©ographie et de la culture marocaines, David GOEURY et Salima NAJI (gĂ©ographe pour le premier, architecte et anthropologue pour la seconde) nous ont fait lâhonneur de rejoindre le campus palois afin de partager les rĂ©sultats de leurs trĂšs riches recherches de plus dâun quart de siĂšcle en particulier dans le Sud marocain.
Avec eux, nous avons visitĂ© les oasis du Haut Atlas et dĂ©couvert des sites patrimoniaux revalorisĂ©s grĂące Ă lâĂ©co-construction et Ă la mobilisation des habitants. Face aux enjeux du changement climatique, Salima et David ont dĂ©montrĂ© que des solutions durables existent pour une rĂ©appropriation par les populations locales de leurs espaces de vie quotidienne : lâapproche gĂ©ographique par les ambiances ainsi que les entretiens systĂ©matiques avec les populations locales permettent dâenraciner les imaginaires collectifs dans une reprĂ©sentation positive des pratiques vĂ©cues. Des projets fondĂ©s sur une architecture alternative trouvent leur place aux yeux des institutionnels, et viennent contrecarrer la tendance Ă la bĂ©tonisation Ă outrance et les facilitĂ©s du tourisme de masse, vivement critiquĂ©s par nos deux auteurs.

đž Le gĂ©ographe David Goeury et l'architecte et anthropologue Salima Naji: diagnostics des problĂ©matiques environnementales et humaines et projets de rĂ©novation et de crĂ©ations biosourcĂ©es.
Dans un tout autre style (littĂ©raire) lâĂ©crivain Mathieu LARNAUDIE, auteur du roman Trash Vortex, a ensuite pris place dans le mĂȘme amphithéùtre. Il sâest entretenu avec Riccardo BARONTINI (titulaire de la chaire âenjeux Ă©copoĂ©tiques contemporainsâ Ă l'UniversitĂ© de Pau et des Pays de l'Adour) autour de lâopposition âDĂ©truire le monde, sauver le mondeâ, dialectique du personnage principal de son roman dystopique. Les sources de la crĂ©ation littĂ©raire et la rencontre fĂ©conde entre lâimaginaire et le scientifique ont Ă©tĂ© questionnĂ©es. Le choix du titre Trash Vortex, restitue peut-ĂȘtre la structure dâensemble du roman lui-mĂȘme. Le style de Larnaudie, en "spirales" semble faire Ă©cho au phĂ©nomĂšne environnemental qui donne son titre Ă lâĆuvre, que le professeur de lâUPPA sâest fait fort de dĂ©cortiquer, Ă lâaide de son auteur.
AprĂšs ces deux confĂ©rences, le festival Ă pris ses quartiers au HĂ©das, dans le cĆur historique de la ville de Pau, chez nos nouveaux hĂŽtes de La Ciutat, centre culturel occitaniste chaleureux et plein de ressources diverses, notamment bibliographiques. Câest avec Alexis JENNI (laurĂ©at du Prix Goncourt 2011 et du premier prix essais/fictions Ăcrire la Nature en 2022) que lâaprĂšs-midi a commencĂ©.

đž Alexis Jenni sur Francis HallĂ© Ă La ciutat, devant les Ă©lĂšves du lycĂ©e des mĂ©tiers de montagne Soeix d'Oloron
AprĂšs avoir visionnĂ© l'extrait d'un sujet rĂ©cent de France 2 consacrĂ© au naturaliste français Francis HallĂ©, figure Ă laquelle est consacrĂ©e lâouvrage de Jenni (Un naturaliste sur le toit de la forêt, Paulsen, 2024), les Ă©lĂšves du lycĂ©e des mĂ©tiers de la montagne de Soeix dâOloron Sainte-Marie ont pu poser leurs questions Ă lâĂ©crivain, pour Ă©clairer et approfondir leur comprĂ©hension de lâouvrage Un naturaliste sur le toit de la forĂȘt quâils avaient Ă©tudiĂ© en classe sous la direction de leur professeur Jean-Michel LANOT (Ă©galement secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral adjoint du festival).

đž Une vingtaine d'Ă©lĂšves du lycĂ©e des mĂ©tiers de montagne Soeix d'Oloron Ă©taient prĂ©sents et avaient travaillĂ© autour de la biographie de Francis HallĂ©, en amont de la venue d'Alexis Jenni
Place a Ă©tĂ© faite Ă un dĂ©bat centrĂ© sur les prĂ©occupations de nos hĂŽtes (mais qui sont aussi en partie celles dâEcrire la Nature) dans lequel Vincenç JAVALOYES (Ă©crivain occitaniste) et Mehdi GHOUIRGATE (historien, professeur HDR Ă lâuniversitĂ© de Bordeaux-Montaigne) ont mis en dialogue les modĂšles marocains et français de reconnaissance des langues et cultures rĂ©gionales, en comparant notamment les politiques respectives mises en place dans chacun des deux pays, qui semblent nettement Ă lâavantage du Royaume. Lâhistorien Mehdi Ghouirgate (originaire des Hautes-PyrĂ©nĂ©es voisines, et en partie locuteur occitan) en a expliquĂ© les sous-bassement culturels et historiques, remontant notamment jusquâĂ son illustre prĂ©dĂ©cesseur Ibn Khaldûn, auquel il a consacrĂ© une biographie.

đž Mehdi Ghouirgate (Professeur, UniversitĂ© de Bordeaux) Ă©voquant l'histoire longue de la culture amazigh ("berbĂšre") au Maroc, en compagnie de Vincenç JavaloyĂšs (politique culturelle de l'occitanisme en France) et du modĂ©rateur.
La premiĂšre journĂ©e de ce festival sâest achevĂ©e par la rencontre entre deux Ă©crivaines militantes et voyageuses, Gabrielle FILTEAU CHIBA et Karin HUET, qui se sont entretenues autour du thĂšme suivant : âSus los Camins. Ătre jeune, ĂȘtre ĂągĂ©e, ĂȘtre femme et partirâ. Sous les yeux attentifs des lecteurs dont certains Ă©taient venus pour lâoccasion depuis les Landes ou les Hautes-PyrĂ©nĂ©es, et la modĂ©ration des bĂ©nĂ©voles Marie GUICHETEAU et Nessa GARRIGOU, elles ont expliquĂ© ce que partir signifiait pour elles, comment le rapport au corps et Ă lâintimitĂ© Ă©tait transformĂ© par lâexpĂ©rience de la solitude, du dĂ©pouillement et de la mobilitĂ©, ou encore le rĂŽle initiatique que jouaient les animaux dans leurs romans, en facilitant un passage vers une dimension sacrĂ©e et sauvage de lâexistence. Jeune, ĂągĂ©e, quĂ©bĂ©coise, française⊠de nombreuses passerelles sont apparus trĂšs nettement entre les deux Ćuvres malgrĂ© les diffĂ©rences gĂ©nĂ©rationnelles et dâorigine.

đž Marie Guicheteau (Docteure en gĂ©ographie, professeure de Lettres Ă Oloron) et Nessa Garrigou (Licence Lettres de l'UPPA et Master MĂ©tiers du livre de l'IUT de Bordeaux) interrogent Karine Huet et Gabrielle Filteau Chiba
La soirĂ©e sâest terminĂ©e par un apĂ©ritif dinatoire au HĂ©das animĂ© par lâartiste palois âLe Temps dâune Ătincelleâ, qui, dans son rĂ©pertoire, a partagĂ© sa relation personnelle, touchante et humoristique, avec la nature.
VENDREDI 6 JUIN: rĂ©cits, forĂȘts et dystopie de Gan Ă Laruns
La deuxiĂšme journĂ©e de ce festival a commencĂ© en douceur (liquoreuse) par une visite du domaine des Caves de Jurançon, Ă Gan. Pierre-Nicolas MARQUĂS, auteur de Mémoire en roue libre (Cairn, 2024), a livrĂ© une performance poĂ©tique originale au sein mĂȘme de la cave, au milieu de lâambiance mordorĂ©e et amĂ©thyste projetĂ©e par la couleur des lâĂ©lixir contenu dans les dizaines de milliers de bouteilles environnantes et les jeux de lumiĂšres. Les caves de Gan sont lâun de nos partenaires les plus fidĂšles. Comme chaque annĂ©e les auteurs ont reçu comme prĂ©sent un coffret collector frappĂ© de lâĂ©tiquette personnalisĂ©e du festival 2025 (conçue avec les affiches, roll-up ainsi que le prĂ©sent site par lâagence Accent Grave sise Ă la Maison des Ă©ditions au sein de la pĂ©piniĂšre Le Bel Ordinaire de BillĂšre).

đž L'auteur Pierre Nicolas MarquĂšs Ă la cave coopĂ©rative de Jurançon, Ă Gan
Puis, toute lâĂ©quipe du festival et les auteurs se sont dĂ©placĂ©s Ă Laruns, oĂč a eu lieu la cĂ©rĂ©monie dâinauguration de la partie ossaloise du festival, pour les 3 jours Ă venir, en prĂ©sence de CĂ©dric BAYLOCQ SASSOUBRE, prĂ©sident de lâassociation, et de M. le maire Robert CASADEBAIG (auteur de lâouvrage Le maire, la montagne, les hommes, éditions Sud-Ouest, 2023), ainsi que de Jean-Luc MONGAUGE, artiste et adjoint au maire, dans le jardin de la mĂ©diathĂšque, Karine ARRUEBO, directrice gĂ©nĂ©rale des services, ou encore Christophe DUVERNEUIL et GĂ©rard LAMAGNERE. LâĂ©dile, qui a contribuĂ© Ă la transformation du village pastoral tout en rĂ©servant la prĂ©cellence de cette activitĂ© plurimillĂ©naire et les traditions de chant polyphonique et de danse dont il est le cĆur battant du BĂ©arn, a saluĂ© lâexistence du festival, qui occupe un pan qui nâĂ©tait pas encore prĂ©sent dans la riche vie culturelle du village. Il a renouvelĂ© son intĂ©rĂȘt et son soutien pour ce festival et lâesprit dâouverture sur le monde et lâenvironnement quâil apporte, en lien avec des problĂ©matiques locales dont l'Ă©dile et son Ă©quipe ont la charge.

đž Mot d'ouverture du maire Robert Casadebaig, jardin de la mĂ©diathĂšque de Laruns
En lĂ©ger amont des prĂ©sentations des auteurs, Fanny CARDON, rĂ©cemment nommĂ©e responsable de la mĂ©diathĂšque de Laruns, et Monique CALINON (ex BnF, bureau du Pen Club français, revue Papilles et Ăcrire la Nature) ont profitĂ© des rayons du soleil encore prĂ©sent dans le jardin de la mĂ©diathĂšque pour mettre en lumiĂšre le rĂŽle de la bibliothĂ©caire dans une bourgade montagnarde, excentrĂ©e (en apparence) des hauts-lieux culturels du territoire français. Les personnes prĂ©sentes ont appris que servir le livre et la culture en dehors de la ville nâa rien dâimpossible et se rĂ©vĂšle mĂȘme passionnant, au-delĂ des difficultĂ©s formelles.
Ă partir de 13h30 Ă©tait prĂ©sentĂ©e lâexposition des carnets de voyage et dessins de nature dâHector VIANA MARTIN : le public a pu apprĂ©cier le rĂ©alisme et la prĂ©cision de ses croquis de vĂ©gĂ©taux et animaux, dans une publication toute rĂ©cente (Le chant du capricorne. Escales mozambicaines, Ă©ditions Partis Pour, 2025, prĂ©face David Diop).
LâaprĂšs-midi a commencĂ© par un Ă©change littĂ©raire entre Gabrielle FILTEAU CHIBA et Mathieu LARNAUDIE animĂ© par Riccardo BARONTINI (UPPA). La question du militantisme et de son rĂŽle dans lâĂ©criture Ă©tait au cĆur de cette discussion. Vous pouvez accĂ©der au podcast Ă partir du lien : ecrirelanature.com/fr/actualites/3-debats-ecrire-la-nature-2025-juin-disponibles-en-audio. Câest ensuite Ă une rencontre sous les couleurs du Maroc que nous avons eu lâhonneur dâassister, grĂące aux interventions successives de SaĂŻd MENTAK (Professeur Ă lâuniversitĂ© dâOujda) et Salima NAJI (laurĂ©ate du prestigieux Global Award for Sustainable Architecture 2025).

đž Riccardo Barontini (UPPA) interroge Gabrielle Filteau Chiba et Mathieu Larnaudie entourĂ©s par les dessins de faune et de flore d'Hector Vianna Martin
Enfin, Alexis JENNI et Gabrielle FILTEAU CHIBA se sont entretenus sur les relations humains-arbres, en prenant appui sur leurs ouvrages respectifs rĂ©cents, Parmi les arbres (Actes Sud, 2024) et La Forêt barbelée (Castor Astral, 2024), en offrant quelques temps de lectures publiques de leurs textes.
Le public prĂ©sent a pu profiter de la prĂ©sence de la librairie La Curieuse (sise Ă Arudy), installĂ©e pour lâoccasion dans la mĂ©diathĂšque de Laruns, pour acheter les ouvrages des auteurs prĂ©sents et faire dĂ©dicacer leurs exemplaires.
En fin de journĂ©e, les membres du jury ont enfin dĂ©cernĂ© les prix Ăcrire La Nature
aux lauréats des différentes catégories concernées :
Gabrielle FILTEAU-CHIBA est laurĂ©ate du prix Fiction Ăcrire la Nature â Revue PyrĂ©nĂ©es) pour son roman Hexa (Gallimard, 2025).
Alexis JENNI est laurĂ©at du prix Essai avec son Ćuvre Un naturaliste sur le toit de la forêt (Paulsen, 2024).
Karin HUET est laurĂ©ate du prix spĂ©cial du Jury pour son ouvrage L’âne et La Routo (Les Mots et les choses, 2025).
LOMIG est laurĂ©at du prix BD / Jeunesse avec son ouvrage Au cœur des solitudes.

đž Prix ELN en catĂ©gorie fiction pour Gabrielle Filteau Chiba, ici entre Pierre Nicolas MarquĂšs et Mathieu Larnaudie
Pour clĂŽturer la journĂ©e, la troupe de théùtre Ă©tudiante de lâuniversitĂ© de Pau, le TrouâPau, nous a proposĂ© un match dâimprovisation dans la mĂ©diathĂšque de Laruns, qui ravit et divertit le public prĂ©sent, aprĂšs une bonne journĂ©e de confĂ©rences et de dĂ©couvertes.
Un succulent repas prĂ©parĂ© par Christine Sanchette et son neveu servi dans leur Ă©tablissement de la rue du Bourguet ouvert spĂ©cialement pour lâoccasion attendait les auteurs et les bĂ©nĂ©voles dans le centre-bourg de Laruns ; des Ă©changes informels ont pu enrichir les uns et les autres dans une atmosphĂšre conviviale.

đž Mathieu Larnaudie et Monique Calinon (trĂ©soriĂšre d'Ecrire la Nature, relation auteurs et Ă©diteurs, 30 ans BnF, Pen Club français, revue Papilles...)
SAMEDI 7 JUIN: Sur les pas de..., au chùteau et en l'église de Béost
Lâessentiel de la journĂ©e a pris place au chĂąteau de BĂ©ost, monument historique mĂ©diĂ©val entretenu par lâassociation Los Auzelets qui nous accueillait de nouveau chaleureusement cette annĂ©e, sous la houlette bienveillante dâAnne Bazin. La matinĂ©e et la majeure partie de lâaprĂšs-midi furent ainsi construites autour du titre âSur les pas deâŠâ, avec des dĂ©clinaisons pyrĂ©nĂ©enne, marocaine et amĂ©ricaine. Durant le premier temps, le public a pu dĂ©couvrir les liens entre quĂȘte spirituelle, gĂ©ographie et rencontres Ă travers la marche du jeune auteur Jean François de MARIGNAN sur les traces du missionnaire Charles de Foucault (Ă©rigĂ© rĂ©cemment au rang de saint par lâĂ©glise catholique) dâune part, et de lâaventurier minimaliste et trailer Alain CAYEUX (plus de 110 pays en 12 ans) prĂ©sents Ă la mĂȘme table. LĂ encore la diffĂ©rence des motifs de voyage et des parcours respectifs de nos auteurs n'a pas empĂȘchĂ© de voir des parallĂšles se dessiner tout au long du rĂ©cit leurs pĂ©riples respectifs, Ă commencer par leur commune reconnaissance pour lâhospitalitĂ© des habitants de la montagne marocaine. La confĂ©rence Ă©tait animĂ©e par le gĂ©ographe David GOEURY, qui fĂ»t longtemps professeur en classe prĂ©paratoire au prestigieux lycĂ©e Descartes de Rabat, et qui a agrĂ©mentĂ© lâĂ©change de nombreuses donnĂ©es sur le Maroc ancien et contemporain.

đž Trois mousquetaires ayant une longue frĂ©quentation du Maroc, dans le chĂąteau mĂ©diĂ©val de BĂ©ost, rĂ©novĂ© depuis 30 ans par l'association Los Auzelets
Le deuxiĂšme temps fut consacrĂ© Ă un sujet davantage ancrĂ© localement, mais peu connu : lâimmigration basque aux Ătats-Unis. Cette passionnante confĂ©rence a Ă©tĂ© animĂ©e par notre trĂ©soriĂšre, Monique CALINON et CĂ©dric BAYLOCQ SASSOUBRE, centrĂ©e lâouvrage du voisin basque Patxiku URANGA, qui prĂ©sentait Un exil américain (Ă©ditions Cairn, 2024). Au fil dâune Ă©criture que lâon pourrait qualifier de âcinĂ©matographiqueâ, pleine de rĂ©alisme sur la trajectoire des primo-migrants vers le « Nouveau-Monde » et de lâĂ©motion relative Ă lâexil, le lecteur suit les pas de Santxo qui, comme dâautres jeunes Basques avant et aprĂšs lui, a dĂ©cidĂ© de faire confiance au « rĂȘve amĂ©ricain ». La confĂ©rence fut alimentĂ©e par une confrontation avec la situation migratoire actuelle aux Ătats-Unis, et les Ă©changes culturels, notamment architecturaux, qui sont nĂ©s entre les deux territoires.

đž Avant le dĂ©but du dialogue entre Alain Cayeux, Jean-François de Marignan et David Goeury sur le Maroc...
Enfin, un troisiĂšme temps a Ă©tĂ© rĂ©servĂ© Ă la traque des plantes comestibles en VallĂ©e dâOssau et de leurs usages Ă travers les promenades savantes du botaniste et accompagnateur de montagne Jean SOUST et de lâillustratrice Alice FAUCONNIER, qui a notamment animĂ© les ateliers âDessiner la natureâ en amont du festival, Ă la mĂ©diathĂšque de Laruns (4 dates de janvier Ă juin 2025). Ces derniers nous ont prĂ©sentĂ© les bienfaits et les caractĂ©ristiques des plantes sauvages pyrĂ©nĂ©ennes, sous lâaspect de leurs apports Ă la santĂ©, mais aussi de la cuisine, Ă travers le livre dâAlice FAUCONNIER, Sauvage. Précis illustré d’un retour à la nature (Ă©ditions Little Wild Leaves, 2023, rééd. 2025).
Comme lâan dernier, la suite de la journĂ©e sâest dĂ©roulĂ©e Ă lâĂ©glise mĂ©diĂ©vale de BĂ©ost, qui jouxte le gĂźte. Dix auteurs ont choisi et lu un extrait de leur ouvrage, devant une assemblĂ©e passionnĂ©e et trĂšs nombreuse. Les interludes ont Ă©tĂ© assurĂ©s par les compositions originales et les rĂ©cits du musicien multi-instrumentiste Jean-Luc MONGAUGĂ, artiste ossalois, conseiller municipal Ă la mairie de Laruns et soutien du festival depuis ses dĂ©buts en 2022.
La programmation du samedi sâachevait au cinĂ©ma Louis Jouvet de Laruns, oĂč auteurs et public Ă©taient conviĂ©s Ă la projection du documentaire de 102 minutes Sept promenades avec Mark Brown, rĂ©alisĂ© en 2024 par Pierre CRETON et Vincent BARRĂ : durant plus dâune heure et demie, le spectateur fut conviĂ© Ă suivre lâambitieux projet de Mark Brown : reconstituer une forĂȘt primaire dans son jardin de Normandie. A lâissue du documentaire, une discussion a Ă©tĂ© animĂ©e par Sylvain DREYER, professeur Ă lâuniversitĂ© de Pau.
La journĂ©e sâest clĂŽturĂ©e par un diner au mĂȘme endroit que la veille, mais cette fois-ci agrĂ©mentĂ© des 3 chants du rĂ©pertoire polyphonique ossalois interprĂ©tĂ©s par un quatuor formĂ© pour lâoccasion, composĂ© dâAlain FortanĂ©, Gabriel Sanchette, Jean-Luc MongaugĂ© et CĂ©dric Baylocq Sassoubre.

đž Les jeunes bĂ©nĂ©voles du festival Ă table, chez Christine Sanchette, rue du Bourguet, Laruns.
DIMANCHE 8 JUIN: en montagne, avec Gabrielle Filteau Chiba et Karine Huet
Tandis quâune grande partie des auteurs et bĂ©nĂ©voles rejoignait la gare de Pau et quâAlain CAYEUX sâĂ©lançait Ă la conquĂȘte du lac du Montagnon, câest avec un large sourire que les volontaires se sont rĂ©unis le dimanche matin vers 10h autour de Jean SOUST, diplĂŽmĂ© en agronomie et spĂ©cialiste de la vallĂ©e, pour une randonnĂ©e au dĂ©part de Pont de Camps.

đž Gabrielle Filteau Chiba lisant un extrait de son recueil de poĂ©sie La forĂȘt barbelĂ©e (Le Castor Astral, 2024), Ă Pont de Camps (VallĂ©e d'Ossau).
Les auteurs prĂ©sents (Gabrielle FILTEAU CHIBA, Karin HUET, SaĂŻd MENTAK, Pierre-Nicolas MARQUĂS, Alain FORTANĂ), quelques bĂ©nĂ©voles (Marie GUICHETEAU, Tarik MERABET, CĂ©dric BAYLOCQ) et une poignĂ©e de festivaliers (dont deux dâentre eux allaient devenir bĂ©nĂ©voles) se sont Ă©lancĂ©s dans cette petite excursion poĂ©tique, sous un ciel magnifique, laissant derriĂšre eux les rubans de nuages qui sâattardaient dans la vallĂ©e.
Ils ont appris Ă reconnaĂźtre les cromlechs, ces cercles de pierre plurimillĂ©naires au sujet desquels les historiens Ă©laborent de multiples hypothĂšses. Les connaissances botaniques de Jean Soust ont guidĂ© la dizaine de randonneurs vers la reconnaissance des plantes locales (myrtilliers, orchidĂ©es sauvages, serpolet). Ă un rythme lent favorable Ă la contemplation et Ă la lecture paysagĂšre, ils ont longĂ© le ruisseau du Brousset et rejoint les premiĂšres pentes qui surplombent la cabane du caillou de Soques, oĂč nous avons profitĂ© du panorama tout en nous restaurant.

đž Alain FortanĂ© conte quelques histoires d'Ossau pendant les randonnĂ©es littĂ©raires
Alan FORTANĂ et Jean SOUST ont racontĂ© un chapelet dâanecdotes savoureuses sur la vie dâestive en VallĂ©e dâOssau. Ils ont Ă©galement prĂ©sentĂ© les diverses espĂšces de rapaces qui cohabitent, dissertĂ© inĂ©vitablement sur les enjeux de la prĂ©sence de lâours, en se remĂ©morant notamment les dĂ©licats Ă©pisodes de rĂ©introduction et les rĂ©actions quâils ont suscitĂ©. Des comparaisons ont pu ĂȘtre effectuĂ©es avec les relations homme/nature dans dâautres contrĂ©es connues par les auteurs comme au QuĂ©bec ou au Maroc grĂące aux auteurs prĂ©sents. Sur le chemin du retour, des moments de lecture en plein air ont scandĂ© la balade, sous les grands hĂȘtres, au son des cloches, avec le consentement bienveillant des troupeaux tout juste montĂ©s Ă lâestive. Karin HUET et Gabrielle FILTEAU CHIBA ont lu des extraits de leur dernier ouvrage, tandis que Marie GUICHETEAU (titulaire dâune maitrise de Lettres Ă lâUPPA en sus de son doctorat en gĂ©ographie) a lu des extraits de Parmi les arbres (Actes Sud, 2024) dâAlexis JENNI, in abstentia.

đž Karine Huet et Gabrielle Filteau-Chiba Ă Pont de Camps, VallĂ©e dâOssau (64).
Comme câest beau la vie errante,
Pour pays lâunivers:
Et pour moi sa volonté !
Et surtout, la chose enivrante.
La liberté ! La liberté !
Carmen, acte II, Georges Bizet.
Câest sur cette randonnĂ©e poĂ©tique que sâest clĂŽturĂ©e la quatriĂšme Ă©dition du festival Ăcrire la Nature 2025. Lâan prochain, le thĂšme (non exclusif) du festival sera dĂ©diĂ© aux Ascensions, avec donc une forte... pente alpiniste, pyrĂ©nĂ©iste et sportive. Le pays invitĂ© ne sera pas Ă chercher plus loin que lâautre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre, cette fois.
Nos efforts se concentreront sur lâouverture du festival au jeune public, en travaillant notamment Ă la crĂ©ation dâun petit salon du livre jeunesse/nature sous la Halle, avec la prĂ©sence de quelques Ă©diteurs, ainsi que d'un circuit de randonnĂ©e et de lectures adaptĂ©es aux enfants, pour la balade littĂ©raire du dimanche Ă Pont de Camps, pour lequel le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral Hugo LEBRUN (co-auteur) de ce compte rendu, travaille depuis lâan dernier, et sera Ă©paulĂ© par Monique CALINON notamment. Des classes d'Ă©lĂšves d'Oloron et de Gan sont d'ores et dĂ©jĂ attendues.
Retrouvez également les posts du festival sur notre page facebook.com/ecrirelanature
Compte-rendu par Marie GUICHETEAU & Hugo LEBRUN
SR/SE, mise en page, hyperliens, photos C.Baylocq.